Un nouvel extrait pour vous :
Sa mère arrivait à leur rencontre. Pierre lâcha la main protectrice de Jeanne et se précipita dans sa direction. Le besoin de se faire pardonner lui donnait des ailes. Quand il arriva à sa hauteur, il s’aperçut qu’elle souriait. Allons, tout allait bien ! La disgrâce n’était pas pour aujourd'hui.
Marie regardait Pierre venir à elle.
« Mon fils ! » pensa-t-elle avec une fierté qu’elle ne songeait pas à dissimuler. Comme chaque fois qu’elle posait les yeux sur lui, elle sentit son cœur de mère se gonfler d’orgueil. Du coup, elle en oublia le sermon qu’elle avait préparé et sourit en accélérant le pas.
Dans la lumière poudreuse du couchant, l’enfant courait, ivre de soleil et de grand air, vivante réplique de Guillaume dont il ne connaissait même pas l’existence.
La jeune femme ouvrit les bras, et il s’y jeta, levant vers elle ses yeux couleur émeraude. Elle le serra plus fort, bouleversée par cette ressemblance qui s’accentuait au fil des années. C’était le même sourire, le même éclat tendre et espiègle dans le regard, la même façon de froncer le sourcil quand il était contrarié.
Depuis bientôt cinq ans, elle s’efforçait d’effacer Guillaume de sa mémoire, mais n’y était pas parvenue. Le temps ne lui avait pas accordé la grâce de l’oubli, et son image était toujours aussi vivace. Il ne se passait pas un jour sans qu’un regard, un geste, une parole, n’éveillât en elle un écho douloureux. Les similitudes qu’elle découvrait alors chez son fils ravivaient ses souvenirs que son esprit, réfractaire à toute raison, laissait ressurgir.
Cette ressemblance la mettait à la torture. Pourtant, elle s’en repaissait, en éprouvait une jouissance morbide. Retrouver chez Pierre les traits tant aimés de son amour perdu était une joie et une souffrance de tous les instants.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire